Edelya marchait dehors, sur les pavés d'Hurlevent.
Elle était parti sur un coup de tête. Une besace sur l'épaule, sa cape en fourrure pour lui tenir chaud, son harnais de vol à la main.
Ces derniers jours lui avaient semblé si longs et si courts à la fois... Elle avait besoin de changer d'air, de paysage...
La mort de Thorn l'avait bouleversée. Personne, au sein de la maison ne savait. Elle n'en avait parler qu'a son père et à part lui bredouiller des condoléances toutes faites, il n'avait pu la comprendre. Elle se sentait seule.
Tout s’enchaînait si vite. Thorn, les armes, le nain, Fingal d'Althain, le bal, Edinne, Yeneia... Edelya n'en pouvais plus.
Elle marcha d'un pas soutenu jusqu'au lac miroir et siffla pour appeler Nah'Kriin. Ah, son griffon... Depuis la cérémonie du lien, ils partageaient comme un lien indéfinissable. L'aigle-lion vint à sa rencontre et la poussa de son bec, comprenant son désarroi. Mème s'il avait un caractère difficile, il était d'une tendresse et d'un amour inconditionnelle pour sa cavalière. Et Edelya lui rendait bien. La jeune fille sentait comme un poids dans sa poitrine... Elle n'arrivait plus à rester loin de lui trop longtemps.
Nah'Kriin attendit qu'elle monte sur son dos et qu'elle s'installe avant de piquer vers le ciel. Encore une chose qui avait disparue depuis la cérémonie du lien. La jeune chevaucheuse n'avait plus besoin de lui dire quoi faire, de lui donner des indications. Nah'Kriin
savait ce qu'il devait faire. Edelya
savait ce que Nah'Kriin ferait.
Le griffon se mis à planer bien haut au dessus des arbres d'Elwynn. Edelya s'allongea doucement sur son dos, les pieds bien assurés dans les étriers. Elle réfléchis longuement :
"Thorn... Et si tu étais encore là ? Aurais-je rejoins le clan ?"
Elle secoua intérieurement la tète. Non. Elle aimait sa famille, savait ou était sa place.
"Les armes... Ragnar s'en chargera, je lui fais confiance. Quant à Dolin... Il s'en sortira."
Ce n'était pas la son problème.
"Fingal... J'espère que nous arriverons à nous entendre. C'est un soutient pour la maison. Et le bal sera l'occasion rêvé de trouver des alliés. Nous y arriverons."
La encore, tout allait bien...
"Edinne... Qu'ai-je fait de mal ? Je l'ai invité à rejoindre la maison pour que Ragnar et elle soit plus souvent ensemble... J'ai inciter Ragnar a officialiser leur relation pour éviter tout sous-entendu sur son compte... J'ai mème demander à Ragnar de l'emmener comme sa cavalière au bal ! Pourquoi... pourquoi m'en veut-elle ainsi. Je n'aime pas Ragnar. C'est un excellent ami, un bon guerrier et un compagnon d'arme honorable. Pas un amant."
Elle regarda les nuages...
"Un amant... Comment pourrais-je ? Mon cœur est à la maison. Je n'ai pas le temps d'avoir un amant... Ni même l'envi. Nah'Kriin me suffit. C'est d'un ami dont j'ai besoin. Pas d'un amoureux."
Edelya jeta un coup d’œil en dessous d'elle. Elle voyait les arbres du bois de la pénombre défilés juste en dessous. Elle ferma les yeux, laissant le bruit de vent lui servir de musique.
Cela devait faire bien trois heures que Nah'Kriin volait. Sa cavalière ne sentait pas sa fatigue, le griffon avait besoin d'exercice et elle de voir du pays. Elle décida de rester loin d'Hurlevent toute la journée.
Les papiers ? Ils attendraient. Les rendez-vous ? Elle s'excuserait. Les obligations ? Elle s'en fichait. Elle laissa le griffon voler encore un peu et atteignis Strangleronce au lever du soleil.
Nah'Kriin se posa et bu l'eau de la rivière. Edelya s'aspergea le visage...
Ils étaient parti sur un coup de tète, elle n'avait pas changer de tenue, indiquer à personne qu'elle était sortie et pris aucune carte. Ils descendirent jusqu'a la mer, d'ou ils admirèrent le lever de soleil sur Strangleronce.
Edelya pensa à Thorn, laissant librement couler ses larmes.
Pleurer. Pleure seule, loin de tous.
Évacuer cette frustration, cette peur... Nah'Kriin se coucha dans le dos de sa cavalière. Il ne pouvait rien faire, juste lui tenir compagnie.
Les larmes finirent par se tarir, laissant Edelya abattue. Celà faisait cinq jours ! Cinq maudits jours qu'elle gardait la face heureuse, le sourire aux lèvres, la joie claire et gentille, se comportant dignement. Tous ce qu'elle aurait voulu c'est rajeunir de huit ans, courir dans sa chambre, pleurer à chaud de larme sur les genoux de Sebastian. Le vieux majordome l'avait souvent consoler...
Mais aujourd'hui, c'étaient des larmes d'adulte. Et surtout, c'était un chagrin qui ne la quitterait jamais vraiment. Edelya plongea ses yeux dans son
talisman. Il était fait un petit tube en or, creux, ou y reposait le dernier message du nain pour la jeune fille. De ce tube partaient trois plumes, verte, bleue et azur, les unes sur les autres.
Le regarder la faisait souffrir mais elle ne se voyait pas le quitter... Elle revoyait le nain, se faire transpercer en plein coeur... Les orcs bruler son cadavre...
Elle se plaqua les mains contre les tempes, voulant chasser de sa tète ses images. Edelya passa la journée sur la plage de Strangleronce. Elle regardait Nah'Kriin piquer sous l'eau, pour attraper son repas. Le griffon plongeait dans l'eau gracieusement puis repassait au dessus en soulevant de lourdes gouttes d'eau à chaque fois.
Nah'Kriin semblait ivre de joie, passer une journée entière avec sa cavalière, il était aux anges ! Edelya était ravie de voir son griffon aussi heureux. En milieu d'après-midi, la fatigue la rattrapa et elle finit par s'endormir sur le sable.
Lorsque le crépuscule pointa, Nah'Kriin poussa doucement sa jeune chevaucheuse du bout du bec pour la réveiller... La journée touchait à sa fin, il fallait rentrer.
Edelya grimpa sur le griffon. Ils mirent cap sur Hurlevent. Nah'kriin se posa au lac miroir, laissant Edelya saluer Bragg. Elle respira pronfondément puis se dirigea vers Hurlevent...
Aux portes d'Hurlevent, la jeune fille regarda un instant les statues, avant de tourner les talons. Non, elle ne voulait pas retourner à sa vie entre les murs de la cité blanche ! Elle courra jusqu'en perdre le souffle vers le lac miroir et fondit en larme.
Après plusieurs heures, elle regarda son visage bouffie dans l'eau...
"Danorian... Quand reviendras-tu du nord ? J'ai besoin de toi... Je me sens seule... Toi, tu me comprendrais."